Bière : les différents types de malt et leur production

Qu’est-ce que le malt et son rôle dans la bière ?

Le malt est un ingrédient essentiel dans la fabrication de la bière, obtenu à partir de grains de céréales germés. Il joue un rôle crucial dans le processus de brassage en fournissant les sucres fermentescibles nécessaires à la production d’alcool et de gaz carbonique par les levures. Le malt d’orge est le plus couramment utilisé en brasserie, bien que d’autres céréales comme le blé, le seigle ou l’avoine puissent également être maltées.

Le malt apporte non seulement les sucres, mais aussi une grande partie des saveurs et des arômes caractéristiques de la bière. Selon le type de malt utilisé et son degré de torréfaction, on peut obtenir des notes sucrées, caramélisées, grillées ou même chocolatées. La couleur de la bière est également largement influencée par le choix du malt, allant du jaune pâle des pilsners aux teintes foncées des stouts.

Enfin, le malt fournit des enzymes essentielles qui permettent de convertir l’amidon en sucres simples lors du brassage. Ces enzymes, activées pendant le maltage, sont cruciales pour obtenir un moût riche en sucres fermentescibles. Sans malt, il serait impossible de produire une bière équilibrée et savoureuse, car c’est lui qui donne à la bière sa structure et son corps.

Les principaux types de malt utilisés en brasserie

Le malt de base, ou malt Pilsen, est le plus couramment utilisé en brasserie. Il s’agit d’un malt pâle, peu torréfié, qui apporte la majorité des sucres fermentescibles tout en ayant un impact minimal sur la couleur et le goût de la bière. Ce malt est idéal pour les bières légères et claires, comme les lagers ou les blondes, où l’on recherche une certaine neutralité aromatique.

Le malt Munich et le malt Vienna sont des malts plus foncés qui apportent des notes maltées plus prononcées et une couleur légèrement ambrée à la bière. Ils sont souvent utilisés en complément du malt de base pour donner plus de corps et de complexité aux bières. Ces malts sont particulièrement appréciés dans les bières allemandes et autrichiennes, comme les Märzen ou les Vienna Lager.

Pour les bières plus foncées et corsées, on utilise des malts caramels et des malts torréfiés. Les malts caramels apportent des saveurs de caramel, de fruits cuits et de pain grillé, tandis que les malts torréfiés donnent des notes de café, de chocolat et de fruits secs. Ces malts sont essentiels dans la fabrication des bières brunes, des porters et des stouts, où ils contribuent à la richesse aromatique et à la couleur profonde.

Le processus de maltage : de l’orge au malt

Le maltage commence par le trempage des grains d’orge dans l’eau. Cette étape, qui dure généralement 48 à 72 heures, permet aux grains d’absorber l’humidité nécessaire pour amorcer la germination. L’orge est ensuite étalée sur des aires de germination où elle est régulièrement retournée pour assurer une germination uniforme. Pendant cette phase, qui dure environ 5 jours, les grains développent les enzymes essentielles au brassage.

Une fois la germination suffisamment avancée, le malteur procède au touraillage. Cette étape consiste à sécher lentement les grains germés pour stopper la germination tout en préservant les enzymes. La température et la durée du touraillage varient selon le type de malt désiré. Pour un malt pâle, le séchage se fait à basse température (environ 50°C) pendant plusieurs heures, tandis que pour des malts plus foncés, on monte progressivement en température.

La dernière étape du maltage est le dégermage, qui consiste à retirer les radicelles formées pendant la germination. Ces radicelles, riches en tanins, pourraient apporter de l’amertume indésirable à la bière. Le malt est ensuite stocké pendant quelques semaines pour permettre à l’humidité de s’équilibrer dans les grains. À ce stade, le malt est prêt à être utilisé par les brasseurs pour créer une multitude de styles de bières différents.

Les malts spéciaux et leur impact sur la bière

Les malts acidulés sont des malts spéciaux qui ont subi une fermentation lactique pendant le maltage. Ils permettent d’abaisser le pH du moût, ce qui est particulièrement utile pour les brasseurs travaillant avec une eau dure. Ces malts apportent également une légère acidité qui peut être recherchée dans certains styles de bières, comme les Berliner Weisse. Leur utilisation, même en petite quantité, peut avoir un impact significatif sur l’équilibre gustatif de la bière.

Les malts fumés constituent une catégorie à part entière. Ils sont obtenus en exposant les grains à de la fumée de bois pendant le séchage. Ces malts apportent des arômes complexes de fumée, de bois et parfois de bacon à la bière. Traditionnellement utilisés dans les Rauchbier allemandes, ils trouvent aujourd’hui leur place dans de nombreuses créations artisanales, apportant une dimension supplémentaire aux bières ambrées ou brunes.

Enfin, les malts torréfiés non germés, comme l’orge torréfiée ou le blé torréfié, sont des grains qui n’ont pas subi le processus de maltage mais ont été directement torréfiés à haute température. Ces malts apportent une couleur très foncée et des arômes intenses de café et de chocolat noir, sans ajouter de sucres fermentescibles. Ils sont essentiels dans la fabrication des stouts et des porters, où ils contribuent à la richesse aromatique et à la couleur profonde caractéristiques de ces styles.

Comment choisir le bon malt pour sa recette ?

Le choix du malt dépend avant tout du style de bière que l’on souhaite brasser. Pour une bière légère et rafraîchissante comme une pilsner, on privilégiera un malt de base pâle avec éventuellement une petite proportion de malt caramel clair pour apporter un peu de corps. En revanche, pour une stout impériale, on utilisera une base de malt pale ale, complétée par des malts caramel foncés et des malts torréfiés pour obtenir la richesse et la complexité recherchées.

Il est important de prendre en compte l’équilibre des saveurs dans la recette. Les malts spéciaux doivent être utilisés avec parcimonie car ils peuvent rapidement dominer le profil gustatif de la bière. Un bon point de départ est d’utiliser 80 à 90% de malt de base et de jouer avec les 10 à 20% restants pour apporter les caractéristiques désirées. L’expérimentation est clé : n’hésitez pas à tester différentes combinaisons de malts en petites quantités pour trouver le mélange parfait.

Enfin, il faut tenir compte des caractéristiques techniques des malts, notamment leur pouvoir diastasique (capacité à convertir l’amidon en sucres) et leur friabilité. Les malts de base ont généralement un fort pouvoir diastasique, ce qui permet d’utiliser une certaine proportion de malts spéciaux ou de céréales non maltées. La friabilité, quant à elle, influence le rendement lors du brassage et peut nécessiter des ajustements dans le processus de mouture et d’empâtage.

L’influence du malt sur le goût et la couleur de la bière

Le malt est le principal responsable de la couleur de la bière. Les malts pâles donneront des bières claires, tandis que les malts plus foncés et torréfiés produiront des teintes allant de l’ambre au noir profond. La couleur finale de la bière dépend non seulement du type de malt utilisé, mais aussi de la quantité employée. Il existe des échelles standardisées, comme l’échelle EBC (European Brewery Convention), qui permettent de prévoir la couleur de la bière en fonction des malts utilisés.

En termes de goût, le malt apporte une grande partie des saveurs de base de la bière. Les malts pâles offrent des notes subtiles de céréales et de pain frais, tandis que les malts plus foncés développent des arômes plus complexes de caramel, de fruits secs, de café ou de chocolat. La torréfaction du malt peut également apporter des saveurs grillées ou fumées. L’art du brasseur consiste à équilibrer ces différentes saveurs pour créer un profil gustatif harmonieux.

Il est important de noter que le malt influence également la texture et le corps de la bière. Les malts riches en protéines, comme le malt de blé, contribuent à la formation et à la rétention de la mousse. Les malts caramel, quant à eux, apportent du corps et une certaine onctuosité à la bière. Enfin, les malts très torréfiés peuvent ajouter une légère astringence qui, bien maîtrisée, participe à la complexité de certains styles de bières foncées.

Laisser un commentaire